Le Portugal se mobilise contre la rigueur
Des salariés bloquent l’entrée d’une usine Volkswagen durant la grande grève générale qui paralyse le Portugal ce mercredi.
La grève générale contre l’austérité ce mercredi a remporté la plus forte adhésion jamais enregistrée dans l’histoire du pays, selon les syndicats. Tous les secteurs étaient touchés.
Après les Grecs, les Espagnols ou les Français, c’était au tour des Portugais de descendre dans la rue pour contester la politique d’austérité menée par l’Etat. Ce mercredi, le mouvement organisé de longue date par les deux principaux syndicats a été massivement suivi. Un événement au Portugal puisque les deux principales centrales syndicales CGTP et UGT sont unies pour la première fois depuis 1988. «C’est la plus grande grève qui ait jamais eu lieu, plus importante que celle de 1988», année de la dernière grève générale unitaire du pays, a ainsi déclaré Joao Proença, secrétaire général de la centrale UGT, lors d’une conférence de presse.
La mobilisation a provoqué la paralysie quasi-totale des transports publics, alors que tous les vols commerciaux au départ comme à l’arrivée au Portugal étaient annulés. A Lisbonne, le réseau du métro était totalement fermé, et seul un bus sur 4 était en circulation à la mi-journée. Le transport fluvial entre les deux rives du Tage était également interrompu, et la compagnie publique des chemins de fer a annoncé la suppression de 75% des trains. A Porto, seule une ligne de métro sur 6 était en service.
«Nous n’avons eu aucun incident. Les gens comprennent que ce n’est pas une grève pour réclamer des hausses salariales, c’est pour défendre les droits de tout le monde, les allocations familiales...», déclarait à l’AFP José Marques, conducteur de métro à Lisbonne depuis 16 ans.
La ministre du Travail, Helena André, a confirmé que le secteur «le plus affecté» par le mouvement était bien celui des transports. La ministre a toutefois tenté de minimiser l’ampleur du mouvement en affirmant que le taux d’adhésion était «variable entre 5,9 et 95%, selon les entreprises».
Déficit : objectif de 4,6% en 2011
Sous la pression des marchés financiers, le gouvernement a adopté un budget 2011 de rigueur, le plus sévère en quinze ans. Hausse de la TVA de deux points à 23%, baisse de 5% à 10% des salaires des fonctionnaires à partir de 1500 euros brut mensuel, gel des retraites, suppression des allocations familiales pour les salaires supérieurs à 600 euros, remise en cause des déductions fiscales sur les dépenses de santé, d’éducation ou de logement... figurent au programme.
Avec un objectif affiché de ramener le déficit de 7,3% cette année à 4,6% en 2011, le Portugal signe l’un des budgets les plus austères d’Europe, après la Grèce, l’Espagne et l’Irlande. Mais cette cure d’austérité devrait peser sur le pouvoir d’achat dans un pays où le salaire moyen est inférieur à 800 euros. Le risque est ainsi de retomber en récession: les prévisions visent au mieux une stagnation en 2011.
Mais le premier ministre portugais, Jose Socrates, devrait rester inflexible. De fait, au moment où les doutes pèsent surune possible contagion des difficultés de l’Irlande à d’autres pays de la zone euro, le gouvernement devrait maintenir le cap sur la réduction de ses déficits.
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